AMETROPIES

AMETROPIES

AmétropieS : causes, symptômes, diagnostic et traitements

Nathalie Ferron Journaliste. Publié le 14/02/2022

L’amétropie se définit par une absence de netteté de la vision. Quels en sont les différentes formes et les traitements possibles ?

Le point avec le Dr Marc Timsit, chirurgien ophtalmologiste.

Sommaire

La myopie : une forme d’amétropie en augmentation dans de nombreux pays
 

L’hypermétropie : un défaut de réfraction très fréquent
 

L’astigmatisme : lorsque la vue devient trouble
 

La presbytie : le vieillissement du cristallin
 

L’amétropie touche des millions de personnes et peut prendre différentes formes. Quels en sont les signes et les traitements possibles ? Le point avec le Dr Marc Timsit, chirurgien ophtalmologiste à Paris.

Un œil qui voit bien de près et de loin ? Un rêve d’emmétropie qui concerne beaucoup de monde. A défaut, on parle d’amétropie lorsqu’un trouble de la réfraction oculaire empêche la rétine de percevoir correctement les faisceaux lumineux. On distingue trois grands troubles de la réfraction : la myopie, l’hypermétropie et l’astigmatisme. A ces trois formes, s’apparente un quatrième défaut, la presbytie, un phénomène naturel en lien avec le vieillissement du cristallin.

La myopie : une forme d’amétropie en augmentation dans de nombreux pays

Lorsque la taille de l’œil est plus grande que la normale, la mise au point se fait à l’avant de la rétine qui perçoit alors une image floue. C’est la myopie. Concrètement, la vision de près est correcte mais difficile de loin. "Ce trouble très fréquent se déclare généralement entre 6 et 8 ans, très rarement plus tôt", souligne le Dr Marc Timsit, ophtalmologue à Paris. Généralement, le trouble évolue jusqu’à l’âge de 20-25 ans, puis se stabilise ensuite. Lorsqu’elle survient avant l’âge de 6 ans, la myopie est dite évolutive. Elle est alors plus sévère et continuera d’évoluer après l’âge adulte. Des facteurs génétiques interviennent : "Si l’un des deux parents est myope, le risque pour l’enfant est multiplié par deux. Lorsque les deux parents sont concernés, le risque de myopie est encore plus élevé", précise l’ophtalmologiste.

Face à ce trouble en constante augmentation, en raison notamment du manque d’exposition à la lumière naturelle et de l’exposition excessive aux écrans, trois solutions existent : le port de lunettes ou de lentilles de contact ainsi que la chirurgie correctrice. "Tous les myopes stabilisés peuvent être opérables à partir de l’âge de 20 ans grâce au recours au laser ou aux implants", explique le Dr Marc Timsit.

Plus précisément, la PKR est un laser utilisé à la surface de la cornée, tandis que le Lasik ciblera quant à lui l’intérieur de la cornée.

Des verres de lunettes et des lentilles spécifiques pour les myopes

"Certains laboratoires proposent pour les enfants des verres spéciaux luttant contre la défocalisation des rayons lumineux mais l’impact de ces verres est encore difficile à évaluer sur l’évolution de la myopie et le développement sensori-moteur de l’œil", estime le Dr Timsit. Par ailleurs, une technique récente, l’orthokératologie propose aux myopes âgés de 6 ans et plus le port quotidien nocturne de lentilles afin d’exercer un effet compensateur de la myopie. Intéressante, cette technique présente toutefois certaines limites : risque d’infection, contrainte quotidienne, correction approximative et régressant à l’arrêt des lentilles…

L’hypermétropie : un défaut de réfraction très fréquent

Autre anomalie de réfraction très fréquente, l’hypermétropie concerne quasiment tous les enfants. "C’est un phénomène courant physiologique car les yeux des enfants sont plus petits que la normale. Le trouble disparait généralement au moment de l’adolescence", explique l’ophtalmologiste. L’hypermétrope voit généralement assez bien de loin. A partir d’un certain âge, il a davantage de difficultés pour voir de près ainsi que pour les activités demandant une concentration et une attention accrue aux détails comme la lecture, la couture…

La prescription de lunettes pour lutter contre ce trouble n’est pas toujours nécessaire. "Cela présente un intérêt lorsque l’hypermétropie est très importante, qu’elle entraine une mauvaise vision, un strabisme ou lorsqu’un astigmatisme est associé".

Autre situation à prendre en compte qui nécessite une correction de la vue : lorsque le trouble de la réfraction n’est pas identique pour chaque œil. On parle alors d’anisométropie. "Ce trouble doit être rapidement dépisté dès le plus jeune âge, sinon l’enfant risque de souffrir d’amblyopie, c’est-à-dire d’une baisse de vision sur l’œil le plus atteint, importante et définitive passé l’âge de 5 ans", conseille le Dr Timsit qui rappelle l’intérêt d’un dépistage précoce des troubles de la réfraction.

Dans certains cas, l’hypermétropie peut occasionner une fatigue visuelle, des maux de tête ainsi qu’un strabisme convergent. Comme pour la myopie, l’hypermétropie peut être corrigée grâce au port de lunettes, de lentilles de contact ou par le biais d’une chirurgie correctrice envisageable à partir de l’âge de 18 ans.

L’astigmatisme : lorsque la vue devient trouble

Plus ovalaire que ronde, la cornée présente un défaut de courbure avec un méridien plus bombé que l’autre. Très souvent, l’œil ne percevra plus les contours et la vision sera imprécise, floue dédoublée de près comme de loin. "Une personne atteinte d’astigmatisme confond certaines lettres ou certains chiffres et peut souffrir de fatigue oculaire, voire de maux de tête. Toutefois, il est courant que l’astigmatisme se présente de manière totalement asymptomatique", précise le Dr Timsit.

Souvent congénital, l’astigmatisme évolue peu au cours de l’existence. Ce trouble très fréquent peut être corrigé en même temps que celui de la myopie ou que l’hypermétropie, soit par le port de lunettes ou de lentilles de contact ou encore grâce à la chirurgie par laser, par implant ou par le biais d’incisions cornéennes. La clé ? Le dépistage précoce. "Il est très important de consulter un ophtalmologiste dès l’âge de 2 ou 3 ans car un astigmatisme non dépisté peut entrainer des difficultés scolaires et une amblyopie", rappelle le médecin.

La presbytie : le vieillissement du cristallin

Dernière forme d’amétropie : la presbytie. Avec le temps, le cristallin, cette partie de l’œil chargée de faire la mise au point en vision de près, tend à devenir moins performante. Il s’agit d’un processus naturel qui commence à se manifester généralement dès le milieu de la quarantaine et évolue jusqu’à l’âge de 60 ans environ. "Il est préférable d’opter pour une bonne correction prescrite par un médecin plutôt que d’acheter une paire de loupes. Celle-ci peut certes être utile en dépannage mais comme la correction n’est pas personnalisée, une fatigue oculaire peut se manifester". Par ailleurs, la presbytie peut être corrigée grâce au laser ou à des implants multifocaux.